31 mai 2012

L'homme providentiel pour l'UMP ?

On ne sait pas si Alain Juppé sera candidat à la tête de l’UMP. Hier, on le croyait dans la course, aujourd’hui, il dément. Avant les élections, on disait qu’il était le seul à avoir de la « hauteur » pour remettre de l’ordre dans ce parti. Pour ma part, je préfère que Jean-François Copé reste en poste : il ne pourra pas remettre de l’ordre.

On distingue assez nettement trois têtes potentielles, à l’UMP. Outre MM. Juppé et Copé, il y a François Fillon. La lutte entre l’ancien Premier Ministre et le patron de l’UMP est nettement visible. Pour autant, on ne les aime pas.

D’ailleurs, un de mes commentateurs me faisait remarquer que je parlais plus souvent de l’UMP dans mon blog que du reste. Comme si j’étais resté un blogueur d’opposition. D’opposition à l’opposition. Peut-être… J’ai du mal à me trémousser devant l’action du Gouvernement et de François Hollande : ils respectent le programme, mesure par mesure, celui que j’ai défendu et celui qui fait que j’ai voté pour le nouveau Président. Hier, je tweetais : « Au rythme où ça va, on aura mis en œuvre les 60 ans engagements pour le 14 juillet ». Pendant ce temps, je continue à taper sur l’UMP.

Si j’étais un militant UMP, je souhaiterais une lourde défaite de mon parti. Une victoire me serait (c’est du conditionnel, hein !) évidemment agréable puisque confirmerait mes choix politique mais Jean-François Copé deviendrait Premier Ministre… et mon parti serait obligé de gérer la merde qu’il a lui-même laissé. Sans compter que ça confirmerait que la Cinquième République n’est pas la bonne, que l’élection du Président de la République au suffrage universel est ridicule…

Par contre, une « légère défaite », du type qui permettrait juste aux deux grandes formations parlementaires de gauche d’avoir une courte majorité, voire de pouvoir faire une majorité uniquement avec les centristes, serait une catastrophe. Elle confirmerait la place de Jean-François Copé à la tête de l’UMP. Le parti serait paralysé pendant cinq ans… et perdrait à nouveau en 2017.

C’est mon sentiment. Les commentaires sont ouverts aux militants UMP pour qu’ils nous expliquent ce qu’ils voient de l’intérieur.

A gauche, de toute manière, on ne peut pas blairer Jean-François Copé. C’est « le mal ». Celui qui incarne la succession de Nicolas Sarkozy en pire. L’élève a rattrapé le maitre. La politique ne ressemble plus à rien. Tous les matins, je cherche « Copé » dans Google News. Je suis à peu près sûr de trouver de quoi faire trois ou quatre billets. Tiens ! Ce matin, une dépêche reprend les propos qu’il a tenus contre son rival. Si j’étais fainéant, je la reprendrais pour faire mon prochain paragraphe mais j’ai mes propres méchancetés à dire contre François Fillon.

A gauche, on ne peut pas le blairer non plus. Avant l’élection de Nicolas Sarkozy, il représentait ce qu’il y a de pire dans le projet économique et social de la droite. Pourtant, quand il a été nommé Premier Ministre, on était assez contents. Il représentait alors une espèce de barrage pour nous protéger de Nicolas Sarkozy. On le croyait assez fort pour résister. Finalement, il n’a été qu’un collaborateur qui a tout validé.

François Fillon continue à faire des erreurs. C’était l’objet d’un de mes derniers billets : il aurait du aller se faire oublier quelques années dans la Sarthe. Hier, il attaquait François Hollande à propos d’un tas de truc, je pense sincèrement qu’il a tort, politiquement… Qu’il revienne pour les primaires, en 2006. C’est d’ailleurs en se faisant oublier quelques années que François Hollande et Jacques Chirac, voire François Mitterrand, ont été élus…

Alors, il nous reste Alain Juppé. Il en reste d’autres, mais on n’y croit pas. Trop tôt, peut-être. On reparlera François Baroin en 2022…

Comme François Fillon, Alain Juppé est apparu à un moment de sa carrière comme un rempart contre Nicolas Sarkozy, assez récemment, quand il est entré au gouvernement. Je crois que les militants UMP l’aiment bien. A gauche, on s’en fout un peu, ce qui serait un grand atout pour lui. Notamment dans les blogs, on ne chercherait pas petite bête.

On pourrait lui critiquer son passé judiciaire mais, à la limite, il passe pour une espèce de martyr qui a payé pour Jacques Chirac. D’ailleurs, il aurait « du » être le candidat naturel de la droite en 2007 mais il a « perdu » le parti en 2002.

On pourrait lui reprocher son action quand il était Premier Ministre, le premier Gouvernement fantoche qu’il avait nommé, avec les « Juppettes », le même Baroin,… Il préfigurait une nouvelle pratique hautement détestable avec un Gouvernement qui ne sert qu’à communiquer. Puis, il y a eu le virage de fin 1995 avec une politique qui ne ressemblait à rien puis la débâcle de 2007.  L’UMP peut-il mettre à sa tête un des principaux acteurs de la dernière grosse baffe électorale de la droite ?   Par ailleurs, Alain Juppé a perdu de la légitimité en revenant au Gouvernement. En 2007, il a perdu son siège de député ce qui lui a couté son poste de Ministre, dans un Ministère totalement bidon, de pure fanfaronnade pour faire croire que l’environnement était au cœur des préoccupations de l’UMP. Un symbole de l’échec de cette droite… D’ailleurs, s’il a été obligé de quitter le Gouvernement parce qu’il n’était plus Député, à quel titre a-t-il pu y revenir ?

Ainsi, Alain Juppé et ce qu’il représente est pour moi un mystère. Comment peut-il encore être populaire ?

Comment moi-même puis-je le trouver sympathique et lui faire à moitié confiance (pas trop, il est de droite quand même…) ?

26 commentaires:

  1. Rassurez vous Nicolas, même a droite on déteste Copé ! C'est vraiment un sale type.

    Quand à Juppé, je dois dire que j'en ai vraiment ras le bol de voir toujours les mêmes types qui n'ont jamais rien fait de leur vie.

    C'est une chance pour la gauche que la droite française soit si minable.

    Mais c'est une malchance pour la France que la gauche française ne soit pas meilleure que cela.

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    1. Ça ne me rassure pas.

      L'intérêt de Juppé est qu'il n'a plus vocation à faire une carrière.

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    2. Il y a des jeunes comme waukiez ou nkm qui peuvent avoir un avenir.

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  2. Personnellement, je préfère Copé aux deux autres empaillés. C'est curieux de voir comme les socialistes sont fascinés par le manque de charisme. Il est vrai que ce parti est essentiellement petit-bourgeois.

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  3. "C'est curieux de voir comme les socialistes sont fascinés par le manque de charisme."

    C'est curieux de voir comme les types de droite confondent le charisme et le fait d'ouvrir sa gueule à tout bout de champ. En fait, cela traduit une chose, Jacques. Vous êtes impressionnables à droite. Et fascinés par la puissance déclarative. Un tribun, il vous faut, un blablateur. On comprend mieux - toutes proportions gardées - grâce à vous comment s'établissent les dictatures. Il suffit de vous dire qu'on en a dans le pantalon pour que vous pensiez que c'est vrai. Par ailleurs, ce que l'on sait de Copé, ce n'est pas qu'il a du charisme, mais qu'il est prêt à tout, absolument à tout, pour satisfaire ses ambitions, y compris à mendier, à s'avilir, à faire le larbin ; ce qu'a fait Sarkozy en son temps avant, bien entendu, de trahir ceux qui s'étaient laissés tromper par son obséquiosité. Selon vous, en quelque sorte, Iago a plus de charisme qu'Othello.

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    1. "Selon vous, en quelque sorte, Iago a plus de charisme qu'Othello."
      Je n'en sais rien, vous ne voudriez pas que je connaisse les seconds couteaux du PS, quand même ?

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  4. Assez d'accord avec Dorham.

    Jacques, vous oubliez parfois de prendre du recul. Un type de gauche ne peut pas ressentir le charisme d'un type de droite et vice versa.

    J'ai assisté à des discours d'Aubry et d'Hollande. On peut dire qu'ils ont toutes les caractéristiques de personnes ayant du charisme mais je conçois très bien que vous les trouviez plus proche d'une huitre.

    À droite, je conçois très bien le charisme de Sarko même si je ne le comprends pas vraiment. Ce que je veux dire dans ce billet, c'est que je ne pense pas que Copé puisse attirer les foules et soit un stratège électoral.

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    1. Passer après Sarkozy n'est évident pour personne. Et je ne dis pas ça simplement pour Hollande. C'est son charisme qui l'a fait tant haïr par la gauche.
      Je conçois que l'autre camp souhaite à la droite des leaders de type centriste car il s'en sent plus proche et qu'avec eux la gauche a de l'avenir. N'empêche que ce n'est pas en allant au centre que la droite pourra gagner. Si au lieu de mettre la barre à droite toute, Sarkozy était allé vers Bayrou, Hollande aurait été élu triomphalement. Sans les voix des sympathisants du FN, en 2007 NS n'aurait peut-être pas été élu. Et s'il n'a pas été réélu, c'est parce que nombre d'électeurs du FN ne lui ont pas pardonné sa trahison d'après 2007 et se sont abstenu ou ont voté blanc. Sans alliance, ou au moins convergence sur les thèmes de l'insécurité et de l'immigration avec le FN, la droite ne PEUT, étant donnée la situation actuelle, gagner aucune élection.

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    2. "Passer après Sarkozy n'est évident pour personne."

      Je ne vois pas en quoi, c'est sibyllin, bien au contraire.

      "C'est son charisme qui l'a fait tant haïr par la gauche."

      J'aimerais que quelqu'un m'explique en quoi, mais vraiment, en quoi Sarkozy est charismatique. Sincèrement. Expliquez-le, à quelqu'un qui du reste ne l'a même pas haï.

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    3. Non, en fait, Jacques, ne répondez (vous le faites déjà si bien) laissez tomber, ça ne m'intéresse pas vraiment. Je sais ce qui vous fait croire que l'homme est charismatique, comme énormément de gens, vous marchez à l'épate, le spectacle vous embue le cortex.

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    4. Il est charismatique dans sa manière de réagir face aux problèmes.
      Il l'est aussi car les gens qui l'ont soutenu l'ont considéré comme un chef légitime, et qu'il a su tirer dans le 1000 à des moments assez stratégiques.

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    5. Vous pensez "spectacle", certains diront "pragmatisme".
      C'est le hot-dog qui se mord la queue.
      Tout cela ne finira jamais...

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    6. Jacques,

      D'accord avec Dorham : ce n'est pas le charisme qui l'a fait haïr mais sa politique, son bling bling (et encore) et surtout sa manière de communiquer.

      Pour le reste et la droitisation du discours, c'est effectivement ce que disent les gens très à droite mais c'est probablement totalement faux. La preuve : il a perdu.

      Le problème n'est pas sa campagne mais les trois dernières années et ce débat à la con sur la laïcité. Le second problème est qu'il a échoué sur toute la ligne.

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    7. Je crains que vous ne compreniez pas qu'il y a une montée générale du "populisme" en Europe et que cela n'a rien à voir avec Sarkozy. C'est peut-être dur à admettre, mais il me semble que, face à une social-démocratie qui en est à son chant du cygne, se lève un courant identitaire de plus en plus fort avec lequel il faut et faudra compter et ceci dans toute l'Europe (on en a déjà tiré les conséquences dans plusieurs pays). Il serait urgent de comprendre que les choses ne se passent plus dans un cadre franco-français.
      C'est le manque d'union de la droite qui a fait perdre Sarkozy, pas le bling-bling et les autres détails dont vous nous avez rebattu les oreilles cinq ans durant. D'ailleurs, et ça vous arrange de l'oublier, la "victoire" de Hollande n'a été que d'une courte tête et de plus elle n'a pas été due à une réelle adhésion. Regardez les sondages : on n'attend pas grand chose de lui. Ça n'empêchera pas qu'on soit vite déçu. Mais vous savez tout ça aussi bien que moi...

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    8. @Dorham : Il est vrai que je suis très con et très primaire. C'est parfaitement logique car si tel n'était pas le cas je serais de gôche comme tous les gens intelligents et de niveau intellectuel supérieur.

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    9. Jacques, arrêtez de chercher des prétextes pour vous donner raison. Outre le fait qu'il n'a pas été élu malgré une campagne très à droite, vous soulignez qu'Hollande n'a pas été élu par adhésion (ce qui reste d'ailleurs à prouver), ce qui veut dire qu'il a été élu par rejet de Sarko, donc de sa politique et de toutes les raisons que je cite dont son positionnement trop à droite.

      Il a été élu en 2007 car il avait su s'allier avec les centristes, voire des gens de gauche. Une campagne se gagne toujours au centre. Il ne faut pas confondre les deux tours...

      Par ailleurs, le populisme n'est pas pratiqué par le peuple mais par les dirigeants, qui savent tirer parti des mauvaises conditions économiques et sociales.

      Et c'est aussi parce que Nicolas Sarkozy a très mal joué la place de la France dans le monde que des gens de droite ont voté pour Hollande.

      Le courant identitaire n'est pas majoritaire en qu'Europe. MLP à fait juste 4 points de plus que son père en 1988 et le courant identitaire était représenté par les cocos en 1981 (la campagne était tournée en partie contre les étrangers).

      Arrêtez donc de vous donner des motifs d'espérer, ça fait généralement perdre.

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    10. Il est charismatique dans sa manière de réagir aux problèmes ? C'est assez subjectif voyez-vous parce que en ce qui me concerne, je n'ai guère vu qu'un type jouer des épaules et faire le fier à bras. Encore une fois, Sarkozy a beaucoup, beaucoup, beaucoup parlé et il a essayé autant que faire se peut de faire croire aux gens que ces déclarations étaient suivies d'effets. Or, il n'en était rien. Il suffit de considérer la manière avec laquelle il s'est écrasé devant la puissance allemande...

      Allons, allons, vous vous faites du mal.

      Pragmatisme, m'enfin... Vous n'avez pas l'air de l'être beaucoup, vous...

      Pourquoi êtes-vous impressionné par ces gens qui s'agitent, qui s'énervent, qui haussent le ton. Moi, ça ne m'impressionne pas. Les gens sereins m'impressionnent davantage.

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    11. Jacques,

      Con, sans doute pas. Primaire, oui. En tout cas dans votre conception du charisme mais aussi même dans cette idée que le charisme serait in fine quelque chose d'important. Ce que vous appelez le charisme, c'est bien souvent un outil qui sert à enfumer. Et vous vous êtes fait enfumer.

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    12. @dorham
      Voyez-vous, je ne veux pas en faire la pub, mais nous sommes nombreux, et ça ne vous plaira pas, à adhérer aux mesures prises par l'ancien président.
      Vous trouvez qu'il s'énerve? Je trouve qu'il a le comportement qui va avec les faits. Quand c'est absurde, il le fait savoir, et je trouve ça beaucoup plus sain qu'un gouvernement sournois qui ne laisse rien transparaître et qui tue à petit feu le pays. On va saccager la vie de millions de gens pour une poignée.
      Bravo le rapport équitable.
      Alors vous pouvez faire des leçons, prendre les gens de haut, mais la vérité ne vous appartient pas.

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    13. @dorham
      Je fais partie de ceux qui croient qu'on ne fait pas avancer un pays avec des politiques qui concernent une minorité de personnes.
      On ne fait pas du bien-vivre ensemble en disant oui à pierre, paul ou jacques. Ils cherchent la division plutot que le consensus.
      Il vaut mieux sacrifier quelques aides pour garder les essentielles, que d'en créer à tout-bout-de champ. C'est n'importe quoi.

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  5. Je suis du même avis que Jacques Etienne.
    L'UMP a besoin d'une forte personnalité, capable de prendre des décisions efficaces et peu populaires.
    Sans un homme de sa trempe, l'UMP se détricotera.
    Coppé est une figure forte de la droite.

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    1. C'est n'importe quoi : un type qui prend des décisions peu populaires est rarement élu.

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    2. Oui, et ce sera de plus en plus le cas.
      Je trouve, et ça va pour les 2 partis, que les meilleures décisions politiques ne sont pas forcément celles qui font le plus plaisir.

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  6. Moi j'aime bien Madelin, il a appris et il est très intelligent, à surveiller.
    Vous oubliez Santini, Devedjian, et d'autres.
    Devedjian: redoutable car assez intelligent pour changer son fusil d'épaules sans que cela lui nuise.
    Santini, vieux roublard.
    Ceux qui ne se montrent pas en attendant que les autres prennent les coups sont les plus malins
    L'UMP va évoluer voire disparaître.
    Ceux qui seront sur le devant de la scène vont sans doute surprendre, la Chiraquie n'est pas morte et Baroin n'en est pas le seul représentant

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    1. Bon ok, je ne suis pas UMP...mais une opposition intelligente, j'aimerais bien

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    2. Surtout pas, elle pourrait gagner.

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