20 mars 2013

Démission de Jérôme Cahuzac - les réactions

« Cela veut dire que la pression médiatique des petits Robespierre de la justice que sont M. Plenel et ce site d'informations d'extrême gauche Mediapart ont aujourd'hui plus d'importance que la justice. » C’est bien la première fois que j’aurais salué les propos de Guillaume Peltier, dans ce blog. Tous les pontes de l’UMP n’ont pas eu une réaction aussi saine. « La situation de Jérôme Cahuzac n'était évidemment plus tenable au sein de ce gouvernement qui décidément n'a plus ni direction ni boussole. » selon Jean-François Copé. La palme (de ce que j’ai pu lire) revient à Valérie Rosso-Debord : « #Cahuzac a démissionné un nouveau coup dur pour le gouvernement qui subit le désaveu des Français pour sa politique de matraquage fiscal. » Je vois difficilement ce que la démission de Jérôme Cahuzac a à voir avec le désaveu des Français…

Laurent Wauquiez fait fort aussi : « Des soupçons forts avaient émergé il y a plus de deux mois. Dans un contexte où on demande toujours plus d'efforts aux Français, aucun politique ne peut se maintenir à un poste comme celui-là lorsqu'il y a a de tels soupçons de collusion et de conflits d'intérêt. » Jérôme Cahuzac a démissionné le jour où la justice a mis le nez dans l’affaire. Une enquête préliminaire « contre Eric Woerth » avait été ouverte le 10 juillet 2010. Ce dernier n’a pas démissionné mais n’a pas été reconduit dans ses fonctions à l’occasion d’un remaniement le 14 novembre.

Dominique Dord : « Le Président de la République tire la seule conséquence possible de la preuve du mensonge public et réitéré de monsieur Cahuzac. Il n'avait aucun autre choix. C'est un coup très dur pour un Gouvernement qui s'était autoproclamé ‘exemplaire'. » Depuis quand il y a une preuve ? Le Gouvernement est exemplaire.

Hervé Morin : « Démission de #Cahuzac : la descente aux Enfers de #Hollande continue. » L’homme qui tire sur une ambulance…

Nadine Morano souligne que l’UMP « n'avait jamais eu de comportement tel que le PS a eu à l'égard d'Eric Woerth. Nous avons toujours respecté la présomption d'innocence. » Ses collègues ne l’ont pas entendu, visiblement. Néanmoins, elle a raison. L’UMP n’a pas souvent eu l’occasion de ne pas respecter la présomption d’innocence. A gauche, M. Cahuzac est le second ministre à être obligé de démissionner après avoir été mêlé à une affaire, après Dominique Strauss-Kahn (relaxé). Voire le troisième si on compte Bernard Tapie en 1992 (non lieu).

A droite, nous avons eu Alain Carignon (1994 – condamné à 5 ans de prison dont 1 avec sursis), Gérard Longuet (1994 – non lieu), Michel Roussin (1994 – non lieu), Renaud Donnedieu de Vabre (2002 – coupable de blanchiment), Pierre Bédier (2004 – condanné), Hervé Gaymard (2005), Alain Joyandet (2010), Christian Blanc (2010), Michèle Alliot-Marie (2011) et Georges Tron (2011). Excusez du peu…

Jean-Louis Borloo semble me rappeler à l’ordre et il a raison : « Bien que ce soit un adversaire politique, je souhaite qu'il puisse faire valoir sa vérité » « Il est inévitable que les hommes publics en responsabilité subissent un pré-jugement médiatique bien plus fort que la décision de l'ordre judiciaire. De nombreux précédents devraient appeler à la retenue. »

Les propos des personnalités de gauche sont bien sûr plus élogieux. Jean Glavany a même dit qu’il ne pouvait pas ne pas penser à Pierre Bérégovoy. Le porte-parole du PCF a simplement déclaré : « La démission de Jérôme Cahuzac s’imposait. En toute indépendance, la justice doit faire son travail. »

Et les blogueurs ?

Je citais hier Gauche de Combat, blogueur du Front de Gauche. Dans les commentaires, Sarkofrance lui dit qu’il confond une cause politique et un fait divers. GdC confirme : « il est le représentant de cette « gauche » hypocrite que j’exècre, et qui a tant désillusionné les militants et sympathisants de gauche, pas dupes de l’écart entre le discours et les actes. Ce n’est pas une anecdote ni un fait divers, mais une divergence idéologique profonde. Comme celle qui m’oppose à Nicolas. »

Les blogueurs Front de Gauche font donc de cette histoire une affaire politique. Laissons-les jouer, avec Médiapart, leur chouchou…

Les autres blogueurs (auxquels je suis abonné) n’ont pas eu le temps de faire beaucoup de billets. Sarkofrance, justement, dans ses coulisses. A propos de Médiapart : « Quand j’ai compris que le site n’avait pas choisi entre ses deux missions: défendre une cause politique – ce qui est respectable – et promouvoir une investigation journalistique indépendante. Mediapart n’est pas indépendant de ses idées. »

Dans son blog principal, il souligne la rapidité de la démission et rappelle, comme moi, quelques affaires de droite. Il rappelle ensuite l’indépendance de la justice puisque c’est l’ancien directeur de cabinet de Michèle Alliot-Marie qui est le procureur « à l’origine » de cette démission. Il revient également sur la confusion à la gauche de la gauche où on confond le combat politique et une affaire privée. Il finit par rappeler que les blogueurs ne comptent pour rien et il a bien raison.

Il cite aussi Elie Arié dans son tout nouveau blog. « Je ne suis pas sûr que la démocratie sorte grandie de la possibilité, ainsi illustrée, pour une feuille de chou, de faire démissionner un ministre sur la seule base d'un enregistrement qui est "probablement" -pas certainement- celui de sa voix -et strictement rien d'autre: mais Plenel va exulter, et le chiffre d'affaires de Mediapart va grimper:c'est l'essentiel, n'est-ce pas? La justice, le droit, la démocratie, on s'en fout. » Cette démission est inquiétante.

Authueil, blogueur de droite, s’inquiète des conséquences de la démission sur les influences à Bercy. « Médiapart, en sortant cette affaire, a jeté une allumette dans une pinède du sud de la France en pleine canicule. Le feu vient de partir et le pompier, c'est pépère Hollande... »

Bembelly rappelle l’engagement du (futur) président de la République : « Moi Président de la République, il y aura un code de déontologie pour les ministres qui ne pourraient pas rentrer dans un conflit d’intérêts » et salue la rapidité de la décision.

CC s’étonne avec humour du manque de sens de communication politique de Jérôme Cahuzac : « Quand Cahuzac prétend qu'il n'a pas de compte en banque, ni en Suisse, ni ailleurs, je me sens trompée parce qu'il semble que ce ne soit pas très réaliste, à notre époque, de ne pas avoir de compte en banque du tout. Mais le fait de démissionner est une saine réaction. »

Elmone salue la décision de Jérôme Cahuzac et rappelle que Brice Hortefeux est resté ministre alors qu’il était mis en examen.

FalconHill, blogueur à droite, comme Authueil, signale que Médiapart a fait tomber un ministre, qui, vu de lui, n’est pas le moins respectable.

Ce matin, je me suis réveillé vers 6 heures. J’ai voulu aller voir ce qu’en disait la presse et j’ai foncé sur Google News. L’information n’y figurait pas et, deux heures après, on a uniquement un lien discret vers un article du Point, fidèle à lui même : « Pourquoi Hollande était pressé d'en finir avec Cahuzac. » (François Hollande aurait voulu liquider l’affaire avant le débat pour la motion de censure, aujourd’hui, et, surtout, montrer au journal de 20 heures que l’affaire était réglée).

Etrange, cette une de Google News. Aqmi affirme avoir décapité un otage. Les allocations familiales pourraient baisser. Les cantines scolaires ne sont pas égales. Yahoo rachèterait DailyMotion, Une loi pour rapprocher les universités et les grandes écoles. L’augmentation des embauches en France. La manif pour tous toujours sans parcours. La justice étudie la biographie de @Valtrier. L’attaque du RER D. La PAC. Le PS et la fédération des Bouches du Rhône. La commande pour Airbus. Les conseils de l’OCDE à Hollande. Les robots qui vont changer notre vie. Auchan résiste. Socoval et les propositions de Dior. Mars. Free Mobile. Google et le comparateur de billets d’avion. Samsung prépare une montre. Le fondateur de Twitter qui veut devenir maire de New York.

Rien sur Cahuzac.

Un ministre a démissionné et Google News l’ignore.

9 commentaires:

  1. Comme j'ai dit hier chez moi, j'ai trouvé la droite républicaine, dans son ensemble, digne et respectable. Malgré les exemples (assez consternants) que tu mets en avant.

    En cherchant bien, sans doute qu'au Front de Gauche ou au Front National, on trouvera parmi les commentaires indignes et consternants, quelques commentaires censés...

    Enfin, excellent billet

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  2. Ne trouvez-vous pas que le texte du parquet semble avoir été rédigé, sur la forme tant que sur le fond, par Plenel lui-même ? Pourquoi évacuer d'une pichenette les informations à décharge provenant de Suisse ? Pourquoi insister sur ces quelques témoins qui vraiment n'ont pas l'air "blanc-blanc", alors que nous sommes des 10aines de milliers de "témoins" à avoir pu écouter, grâce aux medias, cet enregistrement, et à avoir, soit des doutes, soit des certitudes . Car la voix de JC depuis des mois, nous la connaissons par coeur, nous aussi.

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    1. Tout à fait de votre avis, ce communiqué m'a laissé perplexe:

      1 - il parle de la nécessité de poursuivre l'enquête jusqu'à Singapour: pourquoi?

      -soit la Suisse répond que Cahuzac n'a jamais eu de compte à l' UBS, et il n'y aura pas lieu de chercher où est parti un argent qui n'a jamais existé, et l'affaire sera close;

      -soit l' UBS indique le montant de la somme qui a figuré sur un compte en Suisse non déclaré au nom de Cahuzac: ceci est suffisant pour le poursuivre pour fraude fiscale, et, outre les condamnations qu'il va encourir, il devra payer les impôts, les retards et les amendes sur cette somme non déclarée; il est inutile de savoir où cette somme aura été transférée, puisqu' après ces paiements, elle sera régularisée (on a le droit de détenir de l'argent à l'étranger; ce qui est interdit, c'est de le faire échapper à la fiscalité)..

      2- Le procureur de la République fait état de la nécessité d'ouvrir une enquête pour (entre autres) "perception par un membre d'une profession médicale d'avantages procurés par une entreprise dont les services ou les produits sont pris en charge par la sécurité sociale" : qu'est-ce à dire?

      Cette entreprise en question serait un laboratoire pharmaceutique; ce n'est pas parce que les médicaments (pas tous, d'ailleurs) sont partiellement ou totalement remboursés par la Sécurité Sociale qu'un laboratoire pharmaceutique est un organisme hors la loi, et qu'il n'a pas le droit, avec ses profits (légaux), de rémunérer un cabinet de conseil comme celui que dirigeait Cahuzac; ce qu'il n'a pas le droit de faire, c'est, comme toute entreprise, de se rendre complice d'une opération de fraude fiscale; je ne comprends pas ce que ce "les services ou les produits sont pris en charge par la sécurité sociale" vient faire ici, sinon suggérer faussement que Cahuzac aurait détourné de l'argent de la Sécurité Sociale - ce dont personne ne l'accuse.

      Il me semble que ce communiqué en rajoute beaucoup.

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  3. Globalement, à part quelques excités comme Wauquiez ou Mariani et sans compter la gauche de la gauche de la gauche, les réactions sont plutôt "mesurées", c'est rare.

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  4. Un ministre, une affaire privée ?

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  5. Un homme de pouvoir, chargé des sousous de la France, qui pourrait être coupable de blanchiment d'argent ne relève pas du simple fait divers je trouve.
    On a sacrifié le soldat Cahu à la foule afin de sauver la popularité des autres membres du gouvernement.
    Je pense que la chasse à Cahu est indirectement liée à la crise de confiance que les Français éprouvent pour les dirigeants.

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  6. Le journalisme de Médiapart n’a rien à voir avec le journalisme d’investigation, type Woodward et Bernstein dans le Watergate.

    Il a fallu le suicide de Me Olivier Metzner, avocat de la fille de Liliane Bettencourt, pour qu’on apprenne que c’est lui qui a dirigé la répugnante opération à laquelle s’est prêtée Médiapart, consistant à enregistrer les propos de son majordome, au lieu de le faire témoigner ouvertement.

    Pour Cahuzac, Médiapart a prêté son concours à une opération murie de longue date par les adversaires politiques de droite de Cahuzac à Villeneuve-sur-Lot, toujours à partir d’un enregistrement.

    Dans les deux cas, il n’y a eu aucune « investigation »: Mediapart construit sa « gloire » en se prêtant à des opérations que des gens qui ne veulent pas se salir publiquement les mains lui ont apportées toutes préparées.

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  7. Jm Jundt,

    Le procureur serait proche de l’UMP…

    El Camino,

    Ils n’ont pas trop le choix.

    JPM,

    Il « pourrait ». Laissons la justice faire le boulot.

    Elie Arié,

    Oui, il n’y a aucune investigation et Médiapart a des complices louches…

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