19 novembre 2012

C'est bien l'UMP qui a perdu

Jacques Etienne, sympathique blogueur de droite, tire une première conclusion de l’élection à l’UMP. « Quel que soit le résultat final de l’élection à la tête de l’UMP, on peut d’ores et déjà annoncer avec certitude que la gauche a perdu. » Pour lui, la gauche a perdu parce que la « droite forte » représentée parJean-François Copé fait un beau score, inattendu, et que le candidat que l’on préfère tous ou presque, François Fillon n’a pas eu la marée d’électeurs qu’on attendait.

Chacun tire les conclusions qu’il veut. On a le même phénomène à gauche, d’ailleurs.

A l’heure où je commence la rédaction de ce billet, le résultat de l’élection du président de l’UMP n’est pas connu. Tout ce qu’on sait est que la situation est ridicule. Vers 17 heures, les partisans de Jean-François Copé disent qu’il a 800 voix d’avance. Ceux de François Fillon disent que ce dernier est en avance de 2600 voix. Le CSA pense que l’ancien Premier ministre a une centaine de voix d’avance.

Je vais donc répondre à Jacques Etienne : la gauche a gagné, hier. Le grand parti de droite s’est montré complètement divisé et, contrairement à d’habitude, incapable d’affirmer une ligne politique claire et un chef incontestable. Pourtant l’UMP est une machine à soutenir un chef. Certains comparent la situation de l’UMP au PS lors du congrès de Reims, en 2008. Ils ont raison, il n’y a pas de mal à se faire du bien mais le grand public n’a jamais compris la différence de ligne politique entre Ségolène Royal et Martine Aubry. Il a bien compris que c’était le bordel mais ne savait pas pour quoi.

L’UMP se retrouve maintenant en slip.

L’UMP aurait pu rebondir sur la mauvaise popularité du Gouvernement mais il apparaît clairement, maintenant, qu’ils ne sont plus capables de faire quoi que ce soit. Sans compter qu’on a appris aujourd’hui qu’un de leur sauveur potentiel était convoqué par la justice.

Je ne suis pas inquiet pour eux, pour autant. Après le bordel de 2008, le Parti Socialiste a été capable de remporter la Présidentielle. La logique de 2017 est la même : jamais un Président n’a été réélu pour un deuxième mandat sauf s’il finissait le premier en période de cohabitation, c'est-à-dire en étant une espèce de chef de luxe de l’opposition. L’UMP a toutes ses chances de rebondir.

Il n’empêche que Jacques Etienne se réjouit de la montée d’une ligne très à droite et je le comprends parfaitement puisque c’est la ligne qu’il semble soutenir depuis le départ. Il n’empêche, comme le note FalconHill,un copain de droite, d’une part que « Un militant n’est pas un sympathisant. Et surtout un militant n’est pas représentatif du corps électoral de son camp. » et, d’autre part, que Jean-FrançoisCopé représente « tout ce qui a fait que 2012 aété une bérézina électorale. »

Jacques Etienne peut multiplier les raisons pour un type de gauche de préférer François Fillon à Jean-François Copé et toutes lessupputations possibles des aspirations du peuple : nous avons aussi, à gauche, des gens qui pensent avoir raison. Tiens ! Je vais lui dire :j’aurais préféré que François Fillon gagne cette élection car s’il l’a perd, il aura tout son temps pour préparer l’élection de 2017 et notamment la primairede 2016… Quatre ans avant de devenir Président de la République, François Hollande avait pris soin de se faire oublier.

FalconHill a évidemment raison : les militants de l’UMP qui donne une ligne bien à droite à ce parti se plantent lamentablement car, comme tous les militants politiques, ils sont coupés du corps électoral. Les militants du PS s’étaient plantés, en 2006, en désignant Ségolène Royal mais les sympathisants socialistes ne se sont pas plantés en 2011, en désignant François Hollande parce qu’ils sentaient que c’était le seulà pouvoir gagner. Il y a des choses qui se sentent. Jean-François Copé ne peut pas être élu Président de la République.

Je serais tenté de reprendre le billet de Jacques Etienne et de le commenter point par point mais j’ai la flemme. Je vais me contenter de la partie centrale.

Pour la gauche, un « candidat comme Fillon présentait tous les avantages : il pourrait par son discours politiquement correct, séduire le centre et, grappillant quelques voix à gauche constituer une majorité d’alternance d’autant plus acceptable qu’elle continuerait la même politique sociétale. » Non, Jacques Etienne, pour la gauche c’est Copé qui a tous les avantages. Il n’a aucune chance de gagner face à François Hollande contrairement à François Fillon. « La France se gouverne au centre, Giscard nous l’a bien montré en se vautrant malgré ses immenses qualités. » Oui mais Nicolas Sarkozy nous a bien montré, aussi, qu’on ne peut pas gagner sur une ligne bien à droite (ni bien à gauche,d’ailleurs…).

« De l’autre côté, un type comme l’infâme Copé, s’inscrivant dans la ligne de droitisation adoptée par M. Sarkozy qui a failli de peu remporter un second mandat, ne saurait qu’entraîner la droite à l’échec tant il est vrai qu’en ne fustigeant pas les préoccupation de 20% de son électorat elle est certaine de se planter. » Nicolas Sarkozy a perdu l’élection. Sa ligne politique était mauvaise. Les débats lancés par Jean-François Copé étaient clivant, toujours ce mot, et les français se sont lassés de cette manière defaire de la politique. Et les indécis ont choisi. Ils ne voulaient plus de ça.

Et l’UMP, en refaisant les mauvais choix, risque de toutperdre.

L’UMP a poursuivi une stratégie, sous la direction de Jean-François Copé qui amène à la situation actuelle, en se couvrant deridicule, alors qu’il était évident, FalconHill (à droite) et moi (à gauche) qu’il fallait une direction de transition pour reconstruire l’UMP à la base, auprès des élus locaux.

Quel que soit le vainqueur, il n’aura pas la légitimité pourgouverner.

Et si Jean-François Copé gagne, François Fillon n’aura peut-être pas d’autre choix que de quitter l’UMP car il sait qu’il est le seul à droite à pouvoir ratisser assez large pour remporter l’élection de 2017.

Evidemment que la gauche choisit François Fillon, Jacques :c’est le seul, comme vous le notez, à avoir un positionnement politique un peu tolérable, mais surtout, en remportant l’élection, il risque beaucoup de se prendre les pieds dans le tapi de l’UMP.

Jacques Etienne poursuit : « Et puis voilà que les militants concernés s’expriment et que, contre toute attente et, n’ayons pas peur de le dire, contre toute raison, ils le font à 50% pour le clivant, le stigmatiseur, le méchant ! »

L’UMP a choisi une ligne politique dont 75% des français neveulent pas, sauf par rejet historique pour la gauche puis que les chars russessont aux portes de Paris.

C'est pourtant facile, d'être dans l'opposition... Il suffisait de mettre un type sans ambition présidentielle à la tête de l'UMP et d'attendre les primaires...

Même Corto n'a pas osé dire que c'est la gauche qui a perdu, hier. Il constate que c'est un vrai bazar et il a raison.

Bon courage...

37 commentaires:

  1. Attention, il y a la barre "espace" qui a des ratées ! C'est dingue j'ai lu le billet mais à la fin je ne savais plus ce qui était écrit, tellement j'étais perturbé par ces espaces manquants ... Bon ben je vais lire une BD maintenant :-)

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    1. Désolé. J'ai fait une correction avec l'iPhone. Ça fout la merde.

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  2. Excellent billet !
    Il y a quand même quelque chose que je dois approfondir depuis un moment, c'est pourquoi tu tires une règle de moments très différents de l'histoire de la 5ème République "La Gauche n'"est" jamais réélue" ... Présent de narration = n'a jamais été, ou bien règle qui, en ce cas, mériterait qu'on la démontre ... J'vais voir ça un jour.
    En attendant, bravo et bises.

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    1. Je me suis peut être mal exprimé. Depuis 69 (le ça de de Gaulle est particulier), un président sortant n'a jamais été réélu sauf Chirac et Mitterrand parce qu'ils étaient en période de cohabitation.

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  3. Je serais plutôt d'accord avec la première partie de ce billet, moins avec la seconde. D'abord parce que, contrairement à ce qui est écrit, il n'y a pas eu de “Bérézina” en 2012, mais une assez courte défaite. Ensuite parce qu'il s'agit ici d'élire un chef de parti et non le prochain candidat à l'élection présidentielle. Enfin, dire que jamais Copé ne pourra battre Hollande me paraît un pronostic très hasardé…

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    1. C'est Falconhill qui parle de Berezina. Elle est réelle même si le mot est un peu fort : la droite a perdu le pouvoir alors qu'elle l'avait depuis 10 ans. Elle a perdu plein de députés.

      L'UMP est faite pour soutenir un candidat. C'est un peu dans ces gènes. Le culte du chef et toussa comme dirait l'Amiral.

      Enfin, mon "jamais" est peut être de trop. Mais avec son comportement actuel, il subira le même sort que Ségolène Royal : il se fait détester.

      La seule solution qu'il a pour émerger est de se rendre sympathique et de faire une campagne assez sociale, un peu comme Chirac en 1995.

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  4. Fillon et Copé c'est bonnet blanc et blanc bonnet.
    On aurait tort de préférer l'un à l'autre, c'est juste, comme l'explique un article du Monde Diplo "Après la défaite, la trouble décantation de la droite française", que Fillon défend des positions aussi dures que celles de son rival, mais sous des airs modérés et sans avoir besoin de formules à l'emporte-pièce.
    Notamment sur les questions identitaires, mais il faudrait faire l'exégèse de "Ensemble, soyons les militants de la France" (sur le site de Fillon) et de "Manifeste pour une droite décomplexée" de Copé, mais bon, on a autre chose à faire.

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    1. Oui. Ils ne sont pas très différents. Mais Fillon affiche moins certaines convictions. La preuve : le billet que je cite en exemple.

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    2. Tiens, ma réponse à Audine vient de disparaître ! Vous avez les moyens de la remettre, patron ?

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    3. Et mon autre commentaire aussi ! Décidément, je suis maudit, ce soir…

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    4. Ce que je ne comprends pas c'est que vos billets pour vous plaindre restent.

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    5. Ce serait une façon de me dire que je ne suis supportable que quand je me plains ?

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  5. Didier Goux a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "C'est bien l'UMP qui a perdu" :

    Je pense que vous avez raison, c'est une simple tactique qui s'est déployée ici : Fillion a pensé pouvoir gagner en séduisant les centristes de l'UMP, Copé, lui, a fait le pari de rassembler la droite du parti. Mais une fois aux commandes, ils feront sans doute à peu près la même chose. C'est-à-dire attendre que les socialistes s'écroulent d'eux-mêmes avant de les achever à coups de talons, s'ils en ont la force, ce qui n'est pas prouvé en l'état actuel des choses.

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  6. Il est drôlement excellent ton billet ce soir.

    Et oui sur ce point : "C'est pourtant facile, d'être dans l'opposition... Il suffisait de mettre un type sans ambition présidentielle à la tête de l'UMP et d'attendre les primaires..."

    En ajoutant que la technique Hollande, se faire oublier et revenir telle la vierge pure et immaculée trois ans plus tard, c'est une technique qui était vraiment pas mal... (bordel Fillon, pourquoi... ?)

    J'aime beaucoup ton billet en tous cas

    (et en PS, je ne suis pas surpris que tu sois humainement top et que tu ne joues pas le militant de gauche de base que l'on peut voir ci et là qui se réjouit du bordel en face en oubliant qu'il y a 4 ans c'étaient eux qui faisaient honte. Mais non, venant de toi ça ne me surprend pas.

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    1. Merci ! (La routine : n'oublions pas les copains qui sont dans "la peine").

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    2. Ca me rappelle un billet que j'avais écrit en 2008... (et grace auquel je t'ai rencontré : un billet qui valait franchement le coup donc...)

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    3. C'est depuis que je bois.

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  7. Hop ! L'autre commentaire.

    Didier Goux a ajouté un nouveau commentaire sur votre message "C'est bien l'UMP qui a perdu" :

    En fait, les p'tits gars de l'UMP auraient dû se choisir Barack Obama comme chef : on n'en serait pas là…

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  8. D'abord merci de m'accorder une attention que je ne saurais mériter. Ensuite je vous dirai qu'il vaut mieux perdre en étant sincère que gagner en trichant. La victoire n'a que peu d’intérêt quand on l'acquiert par le mensonge.

    Votre triste "héros" a gagné de justesse une élection. Vous refusez de reconnaître cette évidence. Pour vous,elle a été triomphale et non marginale. Ce refus de réalité vous amène a penser qu'elle a été d'adhésion à soixante, voire plus, propositions que l'élu se doit de mettre en œuvre...
    Je vous laisse à vos illusions. Comme je vous encourage à penser que la "droitisation" du discours sarkosiste a été la source de son "échec".
    Ce disant, vous semblez oublier que son score n'a fait que monter en adoptant ce type de discours. Ne vous souvenez-vous pas qu'à un moment on le disait absent du second tour ?
    Et puis je vous dirai une chose fondamentale : mieux vaut perdre avec ses idées que gagner en faisant la pute, en suçant celles des autres.
    il me semble que pour vous la politique soit un jeu où le plus malin gagne. Pour moi, ce serait plutôt une question de convictions.

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    1. Jacques, tous les blogueurs méritent une attention. (Surtout ceux que j'ai "poussé" à ouvrir un blog). Je n'oublie pas que Hollande a gagné de justesse. Je le rappelle souvent dans mes billets. On l'a donné absent du second tour vil a tout fait pour y être présent. Il y était. Il a perdu.

      Vous m'accusez de nier une réalité mais c'est vous qui le faites.

      Pour le reste, je n'ai renié aucune conviction. J'ai défendu le candidat qui était le plus proche de mes opinions, somme toute relativement modérées. Mais j'ai fait campagne des primaires sur le thème qu'Hollande était le seul à pouvoir gagner.

      En outre, je crois que je suis un des rares blogueurs politiques de gauche à ne pas aller toujours dans le sens du vent. Par exemple, mon billet d'hier était aussi une maniérée de dire, à propos du mariage pour tous : respectons ceux qui croient encore au mariage.

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    2. Mais sur ce billet d'hier je vous ai signalé mon accord...

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    3. Ben oui. Écoutez donc plus Falconhill et moi qui sortons des pas du parti à l'occasion alors que je suis très souvent accusé de soutenir en aveugle une ligne politique qui me serait imposée.

      Falconhill est un type de droite. Un excellent ami à moi, je vais passer mes vacances chez lui (d'autant plus facilement qu'il connait des producteurs de rosé). Vous avez décidé qu'il n'est pas de droite comme des amis à moi ont décidé que je n'étais pas de gauche.

      Quand vous ou Falconhill, digne blogueurs pas politiques mais néanmoins de droite disent un truc, je vous "écoute". Ça rentre dans ce qui me sert de cerveau, je pétris ça.

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  9. PS : A mes yeux Falcon Hill est aussi à droite que je suis maoiste.

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    1. Jacques, je vais répondre à votre premier commentaire mais celui ci montre que vous avez le même problème que mes camarades de gauche. Le syndrome de la vraie gauche. Vous nous faites le même de l'autre côté.

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    2. A mes yeux Jacques Etienne est de ceux qui ont fait que la gauche a les pleins pouvoirs aujourd'hui : qu'il ne me cite pas. A mes yeux il n'existe pas.

      (enfin Maoiste pourquoi pas...)

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    3. Bah ! Tu vois enfin ce que je subis depuis le départ : des gens qui représentent 10% ou 20% de l'électorat mais qui s'imaginent représenter quelque chose. Tiens ! Je ne sais pas où ils en sont à la Cocoe mais Copé devrait gagner. Comme Ségolène Royal en 2006. Il se trouvera pour des décennies des gugusses pour dire que c'était le bon choix.

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    4. Cher colline du Faucon, si votre "droite" arrivait au pouvoir, elle n'empêcherait aucunement la gauche de les avoir tous. Soyez honnête : rejoignez le PS ou le FDG. Votre âme ne s'en portera que mieux et je vous estimerai davantage.

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    5. Jacques, vous m'amusez beaucoup. Vous posez une bonne question : je me demande souvent pourquoi Falconhill et moi ne sommes pas dans le même camp politique. Mais j'ai la réponse. Vous croyez définir une vérité, et vous l'avez peut-être mais vous croyez représenter les électeurs et vous faites une lourde erreur.

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    6. Pour moi la fidélité à ses convictions est bien plus importante qu'une pseudo-victoire électorale.
      Accessoirement, comme je le souhaitais, M. Copé a gagné. D'extrême justesse. Si l'UMP en vient à exploser, je n'en serai pas malade...

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    7. Il y a un tas de gens à gauche qui me parlent aussi de fidélité. Ça nous fait une belle jambe.

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    8. Comme Jacques Etienne l'a souhaité, celui qui a contribué à donner tous les pleins pouvoirs à la gauche a gagné.

      Et ce dernier vient donner les leçons de morale politique et faire une analyse psychologique à deux balles... C'est amusant.
      Moins pour mon camp politique...

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    9. Bah ! Comme je le disais, on a les mêmes, à gauche...

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  10. Tiens, Jacques Etienne est maoiste.

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