23 mars 2012

Au fait ! T’as pas vu Titi, hier ?

Titi est un débile léger qui habite près de chez moi. Débile léger ? Je ne sais pas comment appeler ça, il y a probablement des termes qui seraient plus politiquement corrects. Cependant, dans les faits…

Plus précisément, les services sociaux lui ont mis à disposition un logement à sa disposition dans l’immeuble à côté de l’Amandine, la brasserie où je passe quasiment tous les soirs vers 20 heures.

Titi, diminutif de Thierry, est tricard à la Comète et à l’Amandine mais je le vois parfois à l’Aéro. D’ailleurs, il ne m’aime pas, parce que je suis toléré partout. Une fois, il est entré à la Comète et a montré du doigt en interpellant le serveur : « Hé ! Le gros, là, il va aussi à l’Amandine et à l’Aéro » ce qui nous avait fait bien rigoler.

Moi, je l’aime bien. Heureux les humbles et les abrutis et tout ça.

Je le croise parfois à l’Aéro ou le patron le tolère quand il est à jeun ce qui n’arrive pas tellement souvent. Ah ! Oui ! En plus, c’est un ivrogne. Un des pires, dans le caractère. Toujours à engueuler tout le monde, à crier, un peu comme l’idiot du village, bourré… Il tente souvent de nous vendre des babioles qu’il a volées sur le marché ou ailleurs, des gadgets sans valeur. Il parait qu’il a un tas de trucs chez lui, des vélos, et tout ça, mais je me méfie beaucoup du téléphone arabe.

Il n’a pas souvent l’occasion de passer devant la Comète, mais passe souvent devant l’Amandine puisqu’il habite juste après. Souvent, du comptoir, je le vois rentrer en titubant. Je l’ai même vu rentrer à « quatre pattes ». Pour vous dire, j’ai même vu son cul, une fois. Son pantalon ne tenait plus, il est tombé et a décidé de finir le chemin jusqu’à sa porte sans se relever, son gros postérieur se dodelinant à la vue des passants.

Souvent, il s’arrête devant l’Amandine et nous jette des insultes. Si Michel, le patron, est sur sa terrasse entrain de la ramasser, vers 20h45, il le menace carrément. « Toi, je t’aurai ».

Je passe des heures à discuter avec Michel vu que je suis au comptoir dans la dernière heure avant la fermeture, à l’heure où seulement quelques attardés traînent en terrasse. Souvent, on parle de Titi. Michel a bien prévenu les services sociaux mais ils ne peuvent rien faire, évidemment. On ne va pas enfermer tous les débiles, surtout s’ils picolent, d’ailleurs, ça serait mauvais pour la blogosphère de gauche et pour les Kremlin des Blogs. Et la réacosphère Normande.

Michel et moi sommes d’accord avec eux. Il y a des gens « pas bien » qui se promènent dans les rues, des clochards qui aiment ça parce qu’ils refusent des contraintes ou des débiles légers. Souvent ils boivent, d’ailleurs, les clochards. Les débiles un peu moins. On ne peut rien faire et je dirais « tant mieux ». On ne va pas parquer les gens contre leur gré.

La vie est ainsi faite.

Hier soir, quand je suis arrivé à la Comète, Yannick, le serveur, m’a demandé si je savais pourquoi l’Amandine avait été fermée, toute la journée. Pour ne pas que je m’inquiète pour Michel, Yannick me dit alors qu’il a vu que la vitrine avait été brisée. On aurait jeté un gros pot de fleurs à travers. Quelques SMS, plus tard, j’obtiens la confirmation.

Vers 20h30, comme je n’avais pas pu aller à l’Amandine, je décide de passer à l’Aéro. Le patron me sert un verre et retourne discuter avec un client que je connais un peu. Je replonge dans mes rêveries ou dans Twitter. Et je repense à cette histoire. Et j’ai une idée. J’interromps le patron : « Au fait ! T’as pas vu Titi, hier ? » « Qui ? » « Tu sais bien, Titi, Thierry quoi, le gros débile ! » « Ah ! Titi ! » « Ben oui, alors tu l’as vu hier ? » « Oui, je me suis embrouillé avec lui, il m’a fait chier tellement il était bourré, je lui ai interdit de revenir. »

Titi est tricard du dernier bistro qui le supportait.

« Il était quelle heure ? » « Heu, je ne sais pas… » L’autre client répond, alors : « Ben j’étais là, il était bien plus tard que maintenant, sans doute après neuf heures. »

Donc après le départ du patron de l’Amandine.

J’ai arrêté mon enquête là. J’en reparlerai à Michel, ce soir. Je crois savoir qui a cassé la vitrine de l’Amandine. Je n’ai aucune preuve mais l’intime conviction. La police a mieux à faire. Michel a une assurance pour sa vitrine et pour les pertes exceptionnelles de chiffres d’affaire.

C'est la vie...

16 commentaires:

  1. Mais... Mais... Mais... C'est un billet de quasi gros réac ça! Continuez, vous êtes sur la bonne voie. Si vous voulez je peux vous prendre sous mon aile toussa.

    RépondreSupprimer
  2. Au contraire, Amiral ! C'est un billet de gauchiste où j'explique qu'il fait supporter les cons. Le vivre ensemble et tout ça.

    RépondreSupprimer
  3. Amiral Woland23 mars, 2012 18:31

    Tût tut tût, dire que les clodos le sont par choix (en tous cas certains) et qu'en plus ils picolent, qu'il y a des gens "pas bien" dans nos rues, que l'état ne peut pas tout en les internant de force, et en plus bafouer la présomption d'innocence, ben tout ça, c'est réac. Donc vous n'y êtes pas encore, c'est vrai, d'où le quasi, mais on sent que ça vient...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Amiral,

      Heu... Les reacs ont plutôt tendance à envoyer en prison les casse burnes, non. Peut être pas les libéraux, mais les réac, si.

      Supprimer
  4. Signé "un bon Français".

    Ha ha ha

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Un bon français aurait plutôt appelé la police, non ?

      Supprimer
    2. Il aurait envoyé un billet anonyme
      ;-)
      ps mais vous avez raison. Ces gens là ne sont pas comme nous.

      Supprimer
  5. Amiral Woland23 mars, 2012 19:10

    Envoyer les gens en prison? Non en général on se contente de leur tourner autour au pas de l'oie en éructant des nauséabonderies jusqu'à ce que le contrevenant craque sous la pression. Ca nous fait faire un peu de sport.

    RépondreSupprimer
  6. Hé l'amiral, dégage !
    Ton porte-conteneur rouillé défigure ce joli petit port où j'aime apprécier la quiétude de l'océan !
    C'est dingue comme des commentateurs sont capables de vous gâcher le billet, même si au fond, il est déjà plutôt triste!
    On peut comprendre le désarroi du commerçant! (ça va s'il est assuré et que ce soit pris en charge).

    Le truc serait de tout de même de trouver une solution (un accompagnement, une sorte de suivi/insertion comme il y en a eu mais qui ont été supprimé, d'ailleurs) pour ce Titi.

    RépondreSupprimer
  7. Ouïe, il déconne là le Titi, si c'est lui ...

    RépondreSupprimer
  8. D'abord, on ne dit pas un débile léger mais un militant socialiste.

    Ensuite, je suis à fond pour que vous dénonciez Tit, même si c'est pas lui. Surtout si c'est pas lui, en fait.

    RépondreSupprimer
  9. Les débiles ne sont pas tous des innocents...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pourtant le seigneur n'a-t-il pas dit "heureux les simples d'esprit" ?

      Supprimer
  10. Le seigneur a dit "heureux les pauvres en esprit", c'est-à-dire les humbles.

    RépondreSupprimer
  11. C'est un truc bizarre, cette phrase : en latin, c'est beati pauperes spiritu sunt. Spiritu est un ablatif de qualité, mais surtout, spiritus ne signifie absolument pas l'esprit au sens mental de la chose.
    Ça peut être le souffle (du vent, par exemple), l'air qu'on respire, le principe de vie, l'âme, l'inspiration, à la rigueur les sentiments, mais c'est tout.
    Je n'ai jamais percuté le sens exact de la phrase du coup, mis à part qu'on comprend que les beati spiritu iront au Paradis.
    Faudrait jeter un oeil sur le texte grec pour voir quels mots sont utilisés.

    RépondreSupprimer
  12. Toi qui l'a vu en vrai : est-ce que le cul de Titi est plus ou moins photogénique que celui de Jessica Alba (qu'on voit sur la recherche Google) ?

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux c'est-à-dire tous sauf ceux qui proviennent probablement d'emmerdeurs notoires.