17 juillet 2013

Dématérialisation des titres restaurant ? Allons plus loin !

Dans cette phase de simplification des trucs administratifs, le gouvernement envisage de remplacer les titres restaurant par une carte à puce et c'est une très bonne chose. Néanmoins, je me demande s'il ne faudrait pas pousser le raisonnement plus loin. Je m'explique.

Il y a plusieurs catégories de salariés : ceux qui ont accès à une cantine, ceux qui ont des titres restaurant, ceux qui ont des primes de panier et ceux qui n'ont rien. Je ne sais pas ce que dit la loi. Les montants sont variables selon les boîtes mais, globalement, les cantines vous permettent de payer 4 euros ce qui en vaut dix. Pour les titres restaurant, le patron vous donne un ticket à 10 euros pour les quels ils retiennent 4 sur le salaire. Pour les paniers, le patron vous donne 6 euros. Je mets ces montants au hasard : ça dépend des entreprises.

Dans les trois cas, vous avez un avantage de 6 euros par jour, pas fiscalisés. Ça revient au même. En gros tout cela revient à vous donner environ 100 euros par mois non fiscalisés.

Les titres restaurant sont gérés par des boîtes privées qui prennent une marge. Les cantines sont gérées par des multinationales et des investisseurs immobiliers. Je me rappelle d'une boîte où j'ai bossé : le patron avait remplacé les titres restaurant par une cantine car le propriétaire de l'immeuble lui faisait une grosse ristourne sur le loyer si on l'aidait à rentabiliser la cantine.

Dans la série « le petit Nicolas n’y va pas de main morte », je propose à Jean-Marc Ayrault de modifier sensiblement la loi.

Article 1er : considérant qu’il est complètement con de donner des sous au salarié sous la forme de la part « employé » des titres restaurant et de lui les reprendre sous la forme de diminution du salaire net, les titres restaurant devront avoir la valeur de la part « employeur ».

Article 2ème : les subventions directes ou indirectes (fourniture de locaux…) aux cantines et RIE sont interdites sauf si ces machins sont totalement gérés par l’entreprise ou par le comité d’entreprise. Le règlement de la participation de l’employeur doit exclusivement être constitué d’une part fixe par repas effectivement pris par les employés. A partir du 1er janvier 2016, le montant correspondant sera inscrit sur la fiche de paye pour information.

Article 3ème : les entreprises sont libres de remplacer autoritairement les titres restaurant par un « forfait alimentation ».

Article 4ème : toutes les entreprises sont obligées de fourniture une aide d’au minimum 5 euros pour 8 heures de travail pour permettre aux salariés de déjeuner, sauf celles où une cantine est gérée par l’entreprise ou par le comité d’entreprise ou où la restauration fait la base des prestations, notamment les restaurants (les employés doivent manger…) mais aussi les cantines d’école, les maisons de retraite,… (il faut bien manger avec les jeunes ou les vieux).

Article 5ème : à partir du 1er janvier 2016, les titres restaurant sont interdits et devront être remplacés par un « forfait alimentation ».

Et hop !

Dans une deuxième crise de folie, je proposerai de m’attaquer aux comités d’entreprise où les prestations ne sont fournies que sous la forme d’une subvention à une boite privée de vente sur internet ou ne servent qu’à payer des clubs de sports et autres boite privées. On est loin du temps où le CE servait à organiser des colonies de vacances… J’avais des collègues qui se faisaient rembourser l’entrée au Gymnase Club par le CE !

Quand l’argent du social va à des entreprises privées, il est toujours légitime de se poser des questions.

Les cantines ont un avantage : elles « obligent » le salarié à faire un vrai repas par jour, ce qui compte beaucoup pour leur santé (y compris pour des lascars comme moi…). D’ailleurs, n’allez pas penser que mon billet est antisocial : les cantines sont mises en œuvre par les patrons, ça leur coûte moins cher que les problèmes de santé ou d’inefficacité au travail si les salariés bouffent mal et ça permet de faire la journée continue…

Par contre, les RIE font un mal de chien aux petits restaurants et donc aux bistros ! Il leur est plus facile d’avoir des prix abordables en cuisinant pour 400 personnes peu exigeantes que pour une soixantaine de chieurs. En outre, pour faire manger 400 personnes, il suffit de deux chefs, une caissière, deux plongeurs et deux personnes pour les entrées et les desserts… Soit neuf personnes. Un cuistot à 60 couverts devra avoir, en plus du patron, deux serveurs et deux cuisiniers. Je donne des chiffres au hasard mais, en gros, un bistro demande quatre fois plus de personnel pour un service équivalent.

Par contre, les titres restaurant, à partir du moment où ils ne sont pas utilisés pour faire un vrai repas n’ont plus aucune justification : on n’est pas sûr que le salarié l’utilise correctement. Il va le dépenser dans des conneries ou des chaines de restauration étrangères et d’autres concurrents aux bistros.

On a beau tripatouiller tout ça dans tous les sens : il n’y a pas de solution. Pendant un temps, je bossais comme consultant pour une boite qui avait une cantine. Je n’avais pas la participation de l’employeur puisque je n’étais que consultant. La boite de conseil qui m’employait me versait des titres restaurant qui me restaient sur les bras puisque je mangeais à la cantine. Rassurez-vous, j’arrivais bien à les recaser…

Si on considère que les tickets restaurant ne sont plus un machin aidant les salariés à avoir un vrai repas par jour mais uniquement un avantage « social », autant verser directement cet avantage avec la paye plutôt que de financer un système de remplacement à base de cartes à puce qui ne fera qu’engraisser les industriels de la profession.

Il faudrait donc supprimer complètement les titres restaurant.

C’ était l’objet de mon cinquième article mais il faut bien que je le justifie.

Et ça permettra de supprimer un "service de l'Etat", le CNTR en charge de gérer tout ça et de faire plein d'économies...

17 commentaires:

  1. La dématérialisation, si elle a lieu, des TR aura également une conséquence cachée pour les gens qui les donnaient à des personnes nécessiteuses, comment faire avec une seule carte et distribuer à plusieurs personnes. Les Resto du Coeur en recevaient en provenance de salariés qui volaient faire un geste.

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  2. Je suis assez d'accord avec toussa. Avec un bémol : il y a des salariés, surtout salariéES = mères seules, qui n'arrivent pas à nourrir leurs enfants. Elles ne mangent à midi,qu'une pomme ou un oeuf dur ramené dans leur sac et se servent de leur TR pour faire des courses pour les gamins ! ...
    Faudra bien un jour régler ce problème.

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  3. Si je comprends bien, tu préfères recevoir un avantage en liquide et choisir toi-même le meilleur usage à en faire, au lieu de laisser la loi dicter comment tu dois te payer à déjeuner. Et tu rappelles que cette intervention profite aux quelques intermédiaires qui ont la chance d'être choisis par l'Etat. Et supprimer cette pratique ferait faire des économies à l'Etat. Réflexion intéressante, est-ce que ça pourrait s'appliquer à d'autres choses retenues sur nos salaires?

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  4. Jacques,

    Oui, c’est un problème. Mais la dématérialisation est à terme inévitable.

    Lady Apo,

    Je propose de remplacer la valeur des tickets restaurant par le même montant, donc ça ne changera pas grand-chose.

    Mais tu as raison de souligner qu’il y a bien un problème.

    Un zèbre,

    Je ne suis pas un libéral de droite. Je propose de verser cent euros par mois par virement plutôt que par chèque restaurant.

    Pour le reste, tu as l’assurance typique des libéraux abrutis qui affirment une supériorité. Je vais quand même te répondre sérieusement : les tickets restaurant ne sont pas ni un service public ni une expression de quelque moyen de solidarité que ce soit, contrairement aux machins auxquels tu penses. C'est une méthode qu'ont trouvé les employeurs pour verser du pognon aux salariés sans qu'il soit fiscalisé et en leur faisant croire que c'est pour leur bien.

    Continue à jouer au guignol mais fais le ailleurs que dans ce blog.

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  5. Je viens de virer un commentaire anonyme mais je vais lui répondre : et alors ? D'une part tu inventes : la loi que tu envisage pourrait deje être votée. D'autre part, je suis pour la taxation de tous les revenus et pour l'égalité. Un type qui a une cantine aura un avantage d'une dizaine d'euros par rapport à un type qui n'en a pas (à qualité égale).

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  6. J'ai vu, dans ma vie professionnelle et militante, une misère insondable et non marquée sur la figure (sauf des cernes ) : il y a des femmes - et des hommes, mais je parlais d'Elles - dont la paie arrive sur un compte à découvert depuis longtemps : la paie paye la dette bancaire et il ne reste rien pour acheter à manger. Le TR papier a l'avantage, pour ces personnes fragilisées, d'être une "trésorerie" insaisissable, qui ne peut être affectée qu'aux achats alimentaires.
    La circulaire Lagarde (2010) et la règlementation ultérieure, ne sont pas rentrées dans le vif de ce sujet : toute personne qui travaille et dont la paie est virée sur un compte bancaire, devrait pouvoir retirer de son compte, quelle que soit sa situation, l'équivalent d'un RSA [peut-être avec une lettre d'un service social, pour contrôler la chose].
    Ainsi, on serait moins gêné pour souscrire à la dématérialisation des TR.qui représentent pour ces personnes en galère 9€ x 21 = 189€/mois avec lesquels elles peuvent manger un minimum et faire manger leurs gamins, quel que soit l'état de leur compte bancaire.

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    1. On est d'accord ! Mais tu es limite hors sujet (cela dit sans méchanceté, mais je serai probablement le seul à lire ton commentaire. Même remarque qu'hier : fais des billets). Le pb est pas le ticket restaurant mais le fait que les gens ne puissent pas bénéficier d'un minimum de leur paie.

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  7. Donc ils "détournent" les TR, c'est ça que je t'essplique !

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    1. J'ai bien compris mais ça tient en une phrase : "ceux qui ont des pb avec leur banque ont au moins ça pour bouffer".

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    2. Nous sommes deux à avoir lu. Mais j'admire ton art de la synthèse.

      Hyp

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  8. Je lis vos commentaires sur les changements que la dématérialisation va apporter aux détenteurs de titres, or, que vont devenir ceux qui travaillent pour ces émétteurs, ceux qui rembourssent ces titres aux restaurateurs....pas important pour vous, surtout à l heure actuelle!!!!

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    1. Quand vous retirez du pognon avec votre carte, vous demandez où sont les caissière des banques ?

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    2. c'est quoi le rapport ?????

      Je dis simplement, qu'en effet cette dématerialisation engendre des problèmes notamment pour les personnes qui s'en servent pour boucler leur fin de mois (et ils sont de olus en plus nombreux), mais à côté, des personnes qui n'ont rien à voir avec "les caissières des banques", les personnes qui sont sur la chaîne de création des chéquiers de tickets restaurants, qui travaillent dans cette boîte depuis prés de 30 ans, des personnes qui sont uniquement là pour faire le tris dans la réception des titres à rembourser aux restaurateurs vont se retrouver sans emplois......
      certe la dématérialisation est inévitable mais est source de problèmes importants.....

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    3. Mais je sais ! Je voulais seulement dire qu'un tas de métiers disparaissent. Et donc de l'emploi. Et je n'arrête pas de dire dans mon blog qu'il fait penser à partager le travail qui reste.

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    4. Si plus de chèque resto, donc moins de papier, donc moins de besoins en bûcherons donc moins d'arbres abattus donc beaucoup plus de puits à oxygène.
      Donc supprimons les chèques restaurants papiers pour vivre mieux

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    5. t es fort toi....lol

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    6. Fort, je ne sais pas, anonyme, certainement pas

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